Pour les Kamilaroi d’Australie, les arbres sont plus que de simples arbres. Ce sont des ancêtres, on les traite comme des membres de la famille. Ils portent en eux un immense savoir dont héritent leurs descendants.
Un morceau d’un de ces arbres a intégré la collection du MKB en 1940 par le biais d’un musée australien. Avec beaucoup d’autres, il avait été « enlevé ». En décembre 2022, des représentants des Kamilaroi organisèrent une cérémonie pour rétablir le lien entre l’arbre et la communauté.
Les journaux de Bruno Manser
L’arbre ouvre l’exposition qui se penche sur la relation entre les humains et le monde qui les entoure, c’est-à-dire les montagnes, les fleuves, les animaux, les plantes, les champignons, les esprits et les ancêtres.
145 pièces d’exposition montrent comment, aux yeux d’autres cultures, tout ce qui se trouve sur la Terre est vivant. Pour celles-ci, le co-monde se compose d’êtres pensants et sensibles, égaux en droits et qu’on ne peut tout simplement exploiter.
Les journaux du militant écologiste bâlois Bruno Manser, qui lutta aux côtés des Penan à Bornéo pour la conservation de la forêt tropicale, illustrent comment cela pourrait fonctionner. Pour la première fois, le MKB en présente vingt pages originales.
Des esprits dans les légumes
Les images provenant d’Amérique du Sud affichent également un équilibre entre ce que l’on donne et ce que l’on prend. On consulte des animaux parents avant la chasse et les pêcheurs ne pêchent que ce dont ils ont besoin pour vivre.
Dans les Caraïbes, les esprits assurent l’équilibre dans le cosmos et apparaissent sur des tableaux d’artistes inspiré∙es. Ici œuvre l’esprit du jardin ; en Amérique du Sud, les esprits des légumes influencent la récolte. Pour susciter leur bienveillance, on les représente par des silhouettes en papier découpé qu’on active en les dépliant.
Les champignons au cinéma
L’esprit de l’éclair traverse les peintures sur écorce australiennes, y apparaissent aussi l’esprit de l’eau et le serpent arc-en-ciel. Tous indiquent qu’une existence n’est possible que grâce à d’autres et démontrent comment tous les êtres du monde sont reliés les uns aux autres.
En cela, les abeilles et les champignons sont de véritables cas d’école. En Slovénie, les abeilles ont reçu des abris décorés en signe de reconnaissance. Au cours de l’exposition, on peut également voir des extraits des films « More than Honey » de Markus Imhoof et « The Mushroom Speaks » de Marion Neumann.
Des offrandes pour la Terre-mère
En Amérique du Sud, en Océanie et en Afrique, la terre et l’eau font l’objet d’un culte particulier et jouissent d’un statut spécial. À travers des autels et des offrandes, on rend hommage à la Pachamama, la Terre-mère. En Équateur, elle est considérée comme une personne morale, tout comme le fleuve Whanganui River en Nouvelle-Zélande. Au Mali, de somptueuses peintures sur verre sont dédiées à Mami Wata, Mère des eaux.
L’exposition motive à repenser une coexistence alternative. Les visiteuses et visiteurs sont invité·es à mettre la main à la pâte : ils peuvent ainsi continuer à nouer un arbre géant à nombreuses racines qu’a conçu l’Institut für Textiles Forschen de Bâle (Institut pour la recherche textile), inspiré par les illustrations des journaux de Bruno Manser.