A partir de 165 objets de la collection du MKB, d’œuvres d’art contemporaines et de nombreuses voix issues de diverses régions du monde, l’exposition remet en question la perspective anthropocentrique.
Cette vision du monde perçoit la terre, les montagnes, les fleuves et les choses comme des ressources qui sont exploitées pour un système économique mondial axé sur le profit. Cela s’accompagne de violence, d’expropriation, d’expulsion et d’oppression. Ces pratiques colonisatrices et extractivistes menacent l’habitabilité de la planète.
La crise planétaire nous pousse à repenser et renouer nos relations avec notre co-monde. Et si les autres êtres étaient vivants et égaux en droit?
Bien plus qu’un arbre
L’arbre sculpté de la première salle est bien plus qu’un arbre pour les communautés Kamilaroi d’Australie : c’est un ancêtre, un membre de la famille. Il incarne un savoir et est doté de la capacité d’agir.
Dans les basses-terres d’Amérique du Sud, selon la conception indigène, la forêt est un être vivant doté d’une force vitale ; elle dispose d’un corps et respire. Dans la deuxième salle, les dessins du Chaco paraguayen représentant la chasse, la cueillette, la pêche ou des plantes montrent qu’il n’existe pas là de séparation entre nature et culture. Les plantes, les animaux et les esprits possèdent la capacité de ressentir et d’agir et vivent dans leurs propres collectifs.
Des droits pour la terre, les montagnes et les fleuves
Dans une troisième salle, des autels d’images, de sculptures et d’offrandes puissantes mettent en évidence que des êtres comme le mont Meru sont des manifestations du divin.
Pachamama, la terre-mère, est entrée dans la constitution nationale de l’Équateur en 2008 et dans celle de la Bolivie en 2009 en tant que dispensatrice de la force vitale. En 2017, le gouvernement néo-zélandais a accordé au fleuve Whanganui, ancêtre et membre de la famille des Maori, le statut de personne juridique.
Des recherches scientifiques des plus récentes montrent que la vie repose sur des symbioses et des interdépendances. Les humains et les autres êtres façonnent et habitent leurs mondes ensemble.
Inspiré par les dessins des journaux de l’activiste bâlois Bruno Manser, qui s’était engagé pour la conservation de la forêt tropicale à Bornéo, l’Institut für Textiles Forschen (Institut pour la recherche textile) de Bâle a créé un arbre géant pour l’exposition. Il invite les visiteur·ses à participer au tissage et se sentir ainsi partie prenante des entrelacs du vivant.